Au château de Messilhac

 

 

En bordure du monde, à la lisière des vents,

Sa façade de pierre, ses toitures de lauzes

Semblent se souvenir qu’ici auparavant

Vivait une princesse aux douces lèvres roses

 

Dont la blondeur de rêve et les yeux bleus brillants

Semaient le trouble au cœur des hommes de la cour

Chacun la désirait et se montrait vaillant

À la guerre ou au bal dans ses plus beaux atours

 

 

Son mari, fou de rage, l’enfermait en ces lieux

Car il prenait ombrage des sourires que Guise

Adressait à sa femme et du feu de ses yeux.

De revoir ce rival sa jalousie s’aiguise

 

Même le frère du roi, l’élégant duc d’Anjou

Fut surpris et charmé dès l’instant qu’il la vit

Lumineuse sur l’eau ayant le rouge aux joues

Dans sa robe pourprée ravissante à l’envie.

 

 

Ces trois puissants seigneurs, jeunes, braves et fiers

Se jalousent l’un l’autre et vident leur querelle

Par des propos blessants ou en croisant le fer,

Orgueilleux et virils, mais se soucient-ils d’elle ?

 

De son être intérieur, de ses propres désirs ?

Un seul la regardait avec les yeux de l’âme.

En silence, en secret, il souffrait à mourir

Et pour elle, il mourut : le Comte de Chabannes.

 

 

Sophie D***, le 25 novembre 2019