L'objet d'étude choisi est Littérature et langages de l'image.

Le BO du 16 avril 2015 précise ainsi l'angle d'attaque :

Œuvres :

- Œdipe roi, de Sophocle (édition au choix du professeur).
- Œdipe roi, de Pier Paolo Pasolini, film italien, 1967 (édition au choix du professeur).

Le programme de l'enseignement de littérature en classe terminale de la série littéraire (arrêté du 12 juillet 2011 publié au B.O.E.N. spécial n° 8 du 13 octobre 2011) indique que le travail sur le domaine « Littérature et langages de l'image » vise à « conduire les élèves vers l'étude précise des liens et des échanges qu'entretiennent des formes d'expression artistiques différentes ». L'inscription au programme de la tragédie de Sophocle Œdipe roi (~425 av. JC) et de la version filmique qu'en a donnée Pier Paolo Pasolini (1967) met en jeu les relations entre littérature et langage cinématographique. La pièce de Sophocle et le film de Pasolini relèvent à l'évidence de la relation d'adaptation. La lecture croisée de l'un et de l'autre, recourant aux outils d'analyse adéquats à chacun, permettra aux élèves d'apprécier les œuvres « dans la double perspective de leur singularité et de leur intertextualité ».

 


Avec Œdipe roi, Sophocle ouvre une nouvelle ère du tragique, dont les conflits ne jouent plus seulement entre l'humain et des forces divines, mais aussi entre le sujet et sa propre conscience, faisant surgir ainsi l'individu au cœur de la cité.

L'Œdipe roi de Pasolini s'affiche comme une réécriture de la pièce de Sophocle. Emblématique du « cinéma de poésie » théorisé par le réalisateur, le film fait de la tragédie antique l'archétype d'un questionnement sur soi, qui met aussi en jeu l'énigme de l'identité créatrice. Doublement dépaysée dans le temps et dans l'espace, la pièce y est enchâssée dans une fable autobiographique qui la réinterprète à la lumière des thèses freudiennes sur le « complexe d'Œdipe ». De la cristallisation initiale à la sublimation finale, le film relate un parcours initiatique dont la tragédie grecque retrace, en abyme, la préhistoire. Traitée sur un mode onirique, la pièce de Sophocle s'inscrit dans le film à la manière d'un scénario inconscient et archaïque, dans lequel symboles et silences sont aussi signifiants que les mots. À la fois autoportrait et figure légendaire, le héros tragique devient, comme dans la pièce antique, le vecteur impersonnel d'une interrogation sur la condition humaine, dont la portée universelle est clairement signifiée par le syncrétisme culturel qui caractérise le choix des décors, des costumes et de la musique.

La tragédie antique se fait aussi, conformément à sa fonction originelle, l'instrument d'une mise en question du présent. La transposition de la pièce de Sophocle dans un univers « primitif » et « barbare » traduit, chez Pasolini, une nostalgie du sacré, dont l'oubli ou la négation fonde le tragique moderne. L'épilogue du film, inspiré par Œdipe à Colonne, l'infléchit en effet vers une réflexion sur le collectif, de nature politique, qui tout à la fois rappelle l'origine de la tragédie et appelle une réflexion sur le rôle de l'homme, et plus particulièrement de l'artiste, au sein de la cité.