L'objet d'étude choisi est Littérature et langages de l'image. Le BO du 14 mars 2013 précise ainsi l'angle d'attaque : «Le programme de l'enseignement de littérature en classe terminale de la série littéraire (arrêté du 12 juillet 2011 publié au B.O.EN spécial n° 8 du 13 octobre 2011) souligne que le travail sur le domaine « Littérature et langages de l'image » vise à « conduire les élèves vers l'étude précise des liens et échanges qu'entretiennent des formes d'expression artistique différentes ». Il envisage « quelques grands types de relations » entre l'œuvre littéraire et l'œuvre visuelle, et propose notamment « l'imbrication », « l'agrégation » ou « l'amplification » comme pistes d'études. Le recueil Les Mains libres renverse les relations traditionnelles entre texte et image, en mentionnant dès la première page de l'œuvre : « dessins de Man Ray illustrés par les poèmes de Paul Éluard ». Les deux créateurs ont en effet inventé une collaboration, dans laquelle les dessins ont précédé l'écriture poétique. Derrière cette relation d'« illustration » assumée par le poète, la composition à quatre mains révèle toutefois un système organique sans doute plus complexe. Les poèmes d'Éluard relèvent-ils vraiment et seulement de l'illustration ? |
Couverture de l'édition Jeanne Bucher, Paris 1937 |
Engageant deux langages de manière indépendante et mêlée, Les Mains libres échappent à la volonté d'emprisonner la réalité entre la représentation picturale et une quelconque « traduction » poétique. Le rapport au monde proposé par les deux artistes, rapport qu'on ne pourra détacher de l'aventure surréaliste, joint la vision à la vue, l'imagination au réel, l'aura au détail. Dans cet hymne à la voyance qu'est le recueil, l'architecture, l'organisation et le dialogue entre les pages ne sont pas laissés au hasard : ils orchestrent une véritable partition chargée d'entraîner le lecteur sur la voie de l'inspiration poétique.
L'étude de l'œuvre, éclairée notamment par cette réflexion sur la contagion créatrice, devra attirer l'attention des élèves sur le contexte artistique et théorique des années d'immédiate avant-guerre. Elle ne manquera pas de s'ouvrir de manière plus générale à l'esthétique surréaliste, comme à son « dialogue des langages artistiques » au cœur du domaine d'étude.»