Le duc de Guise


Le point de vue de Bertrand Tavernier sur Gaspard Ulliel

De Guise incarne une forme de bestialité.

C’est le vrai guerrier. Le chasseur. Il représente la force brute, le courage et l’intransigeance fondamentaliste catholique. Avec des moments de doute et de sincérité touchants. Il croit passionnément à ce qu’il dit au moment où il le dit. Et je me sens alors proche de lui. Je ne souhaitais en aucun cas le montrer comme le salaud de l’histoire. Gaspard Ulliel exprime à la fois la force, la violence, la sensualité et l’amour parfois sincère de Guise.

Bertrand Tavernier dans le dossier de presse de Studio Canal



Le point de vue de Gaspard Ulliel


Vous interprétez le duc de Guise, véritable personnage historique. Comment vous l’êtes-vous représenté ?

Alors que j’avais trouvé la nouvelle de Madame de La Fayette un peu froide, le scénario m’a semblé très incarné : rien qu’en le lisant, j’ai eu une idée assez clairement définie de mon personnage. Guise était l’un des principaux représentants de la Ligue catholique pendant les guerres de religion, assoiffé de pouvoir et prêt à tout pour s’ouvrir la voie au trône. Guise a une autorité et un charisme naturels, même si sa position à la Cour ne lui donne pas logiquement accès à la Couronne.

C’est aussi un homme qui semble se moquer du protocole et suivre son instinct.

Je l’ai toujours vu comme un personnage qui se démarque des autres, dans la mesure où il aspire à la liberté et à l’indépendance. Personne n’a d’autorité sur lui. Je l’ai souvent comparé à un lion, dans ma tête, pour m’aider à le jouer : en tant que roi de la jungle, il fait ce qu’il veut. C’est un homme bestial, peu réfléchi, instinctif, qui est sans cesse dans l’action pour exister.

Il ne se bat pourtant pas jusqu’au bout pour la princesse…

J’ai souvent demandé à Bertrand pourquoi il n’essaie pas de la reconquérir dans leur scène finale. Car il est clair qu’une passion si brûlante ne peut s’éteindre si rapidement. Il m’a répondu que, par rapport aux mœurs de l’époque, le comportement de Marie lui a fait perdre toute sa considération aux yeux de la cour. Du coup, lui qui est si soucieux de se rapprocher du trône ne peut plus se permettre de la fréquenter, bien qu’il soit toujours attiré par elle. Car ce qui compte avant tout pour lui, c’est sa fortune et son rang.

Comment Bertrand Tavernier vous a-t-il dirigé ?

Au départ, comme il s’agit d’un film d’époque dont la langue est très sophistiquée, j’étais tenté d’adopter un ton légèrement ironique dans la manière de m’exprimer. Mais Bertrand m’a expliqué qu’il fallait jouer Guise comme un homme extrêmement sincère et entier, qui n’est jamais dans le second degré, à l’inverse du duc d’Anjou.

Est-ce qu’on peut situer Guise par rapport à ses deux rivaux ?

Pour schématiser, on peut dire que Montpensier incarne la Vertu, Anjou l’Esprit et Guise la Chair. Marie est ballottée entre les trois pôles de ce triangle.

Comment vous êtes-vous préparé au rôle ?

J’ai fait pas mal de recherches sur Internet et j’ai lu la biographie d’Henri III de Jean-François Solnon que nous avait recommandée Bertrand Tavernier : cela m’a permis mieux comprendre ce qu’était la vie quotidienne à l’époque. Ensuite, il y a eu plusieurs rencontres avec Bertrand et des lectures avec les autres comédiens. Je me suis aussi entraîné pendant deux mois aux combats avec Alain Figlarz qui est chorégraphe et spécialiste d’arts martiaux et qui intervient le plus souvent sur des polars et des films d’action. Il faut dire que Bertrand voulait qu’on se démarque du film de cape et d’épée traditionnel. Du coup, nous sommes allés vers des chorégraphies plus modernes. Et pour clore le tout, quelques séances de travail chez Mario Luraschi pour les scènes à cheval. Une vraie découverte pour moi. Je suis impatient de remonter.

Gaspard Ulliel dans le dossier de presse de Studio Canal