Le marchand et l'orfèvre

  1. Les deux personnages figurant le marchand et l'orfèvre étaient situés chacun dans une loge, comme deux citoyens quelconques parlant à leur voisin depuis leur fenêtre : ils voyaient tout ce qui se passait, y compris les combines les plus secrètes. J'ai trouvé qu'utiliser les balcons du théâtre était une bonne idée pour mettre en valeur leurs commérages et leur superstition.

  1. Les masques suggèrent que le marchand et l'orfèvre sont des personnages anonymes incarnant en une seule figure le peuple et la ville, sans importance dans la hiérarchie sociale. Ils nous donnent l'impression de faire partie des spectateurs : comme nous, ils regardent et commentent les scènes. Nous pouvons les assimiler au chœur des tragédies grecques.

  1. L'extrême laideur des masques, qui m'ont fait penser à des Elephant men, est assez représentative de la ville de Florence, où règnent la terreur et la débauche. Cet aspect ridé peut aussi symboliser la fatigue du peuple face à la tyrannie du duc, ou bien encore le caractère changeant des personnages, prêts à changer de visages et d'opinions pour servir leurs propres intérêts.

  1. Ces masques ont un double rôle technique : ils ont permis de réutiliser deux acteurs qui jouaient un autre rôle dans la pièce sans être reconnus, et ils permettent de ne pas trop attirer l'attention sur ces deux personnages secondaires : ce n'est pas sur eux que le public doit se concentrer, mais sur les personnages principaux de l'action.


© Isabelle Fournier