Exercices d'écriture d'invention et d'argumentation
Même si en terminale les sujets d'examen ne vous proposeront plus d'écritures d'invention, de nombreux exercices peuvent vous permettre de mieux vous approprier les œuvres, de comprendre les personnages, de saisir de l'intérieur les caractéristiques de l'écriture de Mme de Lafayette ou les contraintes propres à l'élaboration d'un scénario. Voici quelques propositions de sujets, dont celles qui sont numérotées proviennent du cahier d'exercices de M. Yves Maubant, dans lequel vous devriez piocher avec délices, et que vous devrez consulter pour lire les consignes précises de tel ou tel exercice... Dans tous les cas, différenciez bien les personnages de la nouvelle et ceux du film de Bertrand Tavernier, et n'oubliez pas que l'écriture d'invention ne supporte pas les à-peu-près et les anachronismes, en particulier dans les références culturelles et le langage : soyez particulièrement rigoureux dans l'élaboration du cahier des charges, avant de vous lancer. A vous de jouer ! si vous avez d'autres idées de sujets, ou si vos propres productions vous semblent particulièrement originales, n'hésitez pas à nous les envoyer, mais après avoir bien lu la charte d'envoi de textes.
|
Écrits d'invention
- Exercice 24 : Melle de Mézières écrit au duc de Guise avant son mariage / Mme de Montpensier écrit au duc de Guise pendant son exil à Champigny.
- Exercice 36 (cahier n°2) : Une lettre du duc de Guise à la princesse à quatre endroits possibles de la nouvelle.
- Exercice 25 : Melle de Mézières tient son journal avant son mariage.
- Journal de Chabannes pendant l'éducation de la princesse à Champigny
- Exercice 4 : La lettre de Chabannes.
- Lettre écrite par le comte de Chabannes à la princesse de Montpensier à Champigny
- Chabannes, pressé par la curiosité de Marie de Montpensier (film) lui raconte son passé amoureux et lui explique pourquoi il tente à présent de maîtriser ses passions..
- Exercice 38 : Monologue intérieur du Prince de Montpensier (nouvelle) à un moment qu'il faudra choisir..
- Conversation entre Marie de Montpensier et Catherine de Guise (film), après son mariage et sa nuit de noces avec le vieux duc de Montpensier.
- Serait-il possible d'envisager la modernisation du scénario de La Princesse de Montpensier, comme ont pu le faire des réalisateurs de cinéma qui dans les vingt dernières années ont modernisé La Princesse de Clèves ? Pour vous aider à y réfléchir, lisez cette étude (très savante) sur ces adaptations du chef d'œuvre de Mme de Lafayette. Si cela vous semble possible, rédigez un synopsis. Sinon, transformez cet exercice en débat, ou en article de fond (mais là, vous basculez dans un exercice d'écriture plus argumentative).
Écrits d'invention et d'argumentation
- Exercice 29 : Réalisez l'interview de Mme de Lafayette.
- Quelques jours après la parution de La Princesse de Montpensier, Mme de Lafayette invite à en parler deux de ses amis intimes, Madame de Sévigné et le duc de La Rochefoucauld.
- Quelques jours après la parution de La Princesse de Montpensier, Mme de Lafayette et quelques-unes de ses amies discutent dans son salon précieux de ce petit roman absolument charmant.
- Deux critiques littéraires s'affrontent en 1662 à propos de la nouvelle forme romanesque que propose La Princesse de Montpensier. L'un est enthousiaste, l'autre, hostile au genre romanesque, démolit la nouvelle. Pensez à vous documenter au préalable, en commençant par cette page, et utilisez votre cours à bon escient.
- A la manière des dialogues de Lucien ou de Fénelon, imaginez le dialogue aux Enfers entre Renée d'Anjou, le personnage historique à l'origine de la nouvelle, et Mme de Lafayette.
- Exercice 23 : Imaginez une émission littéraire à propos de l'adaptation cinématographique de Bertrand Tavernier.
- Exercice 27 : Rédaction d'une critique défavorable au film : « Une adaptation sans relief ».
- Autre exercice : Rédaction d'une critique élogieuse, présentée comme une notice de Télérama.
- Exercice 31 : Classicisme, littéraire comme cinématographique : variations sur un jugement. Voir le cahier d'exercices n°2 pour le détail des consignes et des textes à consulter
Pour ces exercices, commencez par éplucher cette revue de presse. Mais ensuite, attention ! Le copier / coller pur et simple est absolument interdit.
Théâtre
- Une adaptation théâtrale burlesque de la scène de l'adultère
- Exercice 3, avec prolongement écrit. Prenez la place des scénaristes, Jean Cosmos et Bertrand Tavernier : choisissez l'une des scènes de la nouvelle dans lesquelles l'auteur multiplie les formes de discours direct, indirect, narrativisé, et commencez par les transcrire au discours direct, comme une scène de théâtre, avec répliques et didascalies, ou comme une scène de scénario. A quelles difficultés vous heurtez-vous ? Comment pouvez-vous les résoudre ? Ce sera le moment de relire l'Avant-propos de Bertrand Tavernier à propos de la langue du XVIIe siècle.
- Exercice 30 - Une scène de théâtre et ses didascalies
Pour l’atelier théâtre de votre lycée, vous envisagez d’adapter l’une de ces deux scènes de La Princesse de Montpensier. Vous écrivez le dialogue et, pour bien accompagner la future performance théâtrale, vous l’assortissez, tel un metteur en scène contemporain, de croquis et de didascalies suffisantes : indications de jeu, de décor, de sentiments, de distances, de regards, de lumière, d’accessoires. Vous pouvez vous aider, ponctuellement, des dialogues de Jean Cosmos pour le film, mais vous suivez d’abord scrupuleusement le rythme, les suggestions et les implicites (discours indirect, narrativisé) de la nouvelle.Extrait n° 1 :
Le duc d’Anjou, de son côté, n’oubliait rien pour lui témoigner son amour en tous les lieux où il la pouvait voir, et il la suivait continuellement chez la reine sa mère. La princesse sa sœur de qui il était aimé, en était traitée avec une rigueur capable de guérir toute autre passion que la sienne. On découvrit, en ce temps-là, que cette princesse, qui fut depuis la reine de Navarre, eut quelque attachement pour le duc de Guise ; et ce qui le fit découvrir davantage fut le refroidissement qui parut du duc d’Anjou pour le duc de Guise. La princesse de Montpensier apprit cette nouvelle, qui ne lui fut pas indifférente, et qui lui fit sentir qu’elle prenait plus d’intérêt au duc de Guise qu’elle ne pensait. M. de Montpensier, son beau-père, épousant alors mademoiselle de Guise, sœur de ce duc, elle était contrainte de le voir souvent dans les lieux où les cérémonies des noces les appelaient l’un et l’autre. La princesse de Montpensier ne pouvant plus souffrir qu’un homme que toute la France croyait amoureux de Madame, osât lui dire qu’il l’était d’elle, et se sentant offensée, et quasi affligée de s’être trompée elle-même, un jour que le duc de Guise la rencontra chez sa sœur, un peu éloignée des autres, et qu’il lui voulut parler de sa passion, elle l’interrompit brusquement, et lui dit d’un ton de voix qui marquait sa colère :
- Je ne comprends pas qu’il faille, sur le fondement d’une faiblesse dont on a été capable à treize ans, avoir l’audace de faire l’amoureux d’une personne comme moi, et surtout quand on l’est d’une autre à la vue de toute la cour.
Le duc de Guise, qui avait beaucoup d’esprit et qui était fort amoureux, n’eut besoin de consulter personne pour entendre tout ce que signifiaient les paroles de la princesse. Il lui répondit avec beaucoup de respect :
- J’avoue, madame, que j’ai eu tort de ne pas mépriser l’honneur d’être beau-frère de mon roi, plutôt que de vous laisser soupçonner un moment que je pouvais désirer un autre cœur que le vôtre ; mais, si vous voulez me faire la grâce de m’écouter, je suis assuré de me justifier auprès de vous.
La princesse de Montpensier ne répondit point ; mais elle ne s’éloigna pas, et le duc de Guise, voyant qu’elle lui donnait l’audience qu’il souhaitait, lui apprit que, sans s’être attiré les bonnes grâces de Madame par aucun soin, elle l’en avait honoré ; que, n’ayant nulle passion pour elle, il avait très-mal répondu à l’honneur qu’elle lui faisait, jusqu’à ce qu’elle lui eût donné quelque espérance de l’épouser ; qu’à la vérité, la grandeur où ce mariage pouvait l’élever l’avait obligé de lui rendre plus de devoirs ; et que c’était ce qui avait donné lieu au soupçon qu’en avaient eu le roi et le duc d’Anjou ; que l’opposition de l’un ni de l’autre ne le dissuadait pas de son dessein ; mais que, si ce dessein lui déplaisait, il l’abandonnait, dès l’heure même, pour n’y penser de sa vie. Le sacrifice que le duc de Guise faisait à la princesse lui fit oublier toute la rigueur et toute la colère avec laquelle elle avait commencé de lui parler. Elle changea de discours, et se mit à l’entretenir de la faiblesse qu’avait eue Madame de l’aimer la première, et de l’avantage considérable qu’il recevrait en l’épousant. Enfin, sans rien dire d’obligeant au duc de Guise, elle lui fit revoir mille choses agréables, qu’il avait trouvées autrefois en mademoiselle de Mézières. Quoiqu’ils ne se fussent point parlé depuis longtemps, ils se trouvèrent accoutumés l’un à l’autre, et leurs cœurs se remirent aisément dans un chemin qui ne leur était pas inconnu. Ils finirent cette agréable conversation, qui laissa une sensible joie dans l’esprit du duc de Guise. La princesse n’en eut pas une petite de connaître qu’il l’aimait véritablement.
Extrait n° 2 :
Sans demeurer davantage chez la duchesse sa sœur il s’en alla trouver, à l’heure même, les cardinaux ses oncles, et, sur le prétexte du mauvais traitement qu’il avait reçu du roi, il leur fit voir une si grande nécessité pour sa fortune à faire paraître qu’il n’avait aucune pensée d’épouser madame, qu’il les obligea à conclure son mariage avec la princesse de Portien, duquel on avait déjà parlé. La nouvelle de ce mariage fut aussitôt sue par tout Paris. Tout le monde fut surpris, et la princesse de Montpensier en fut touchée de joie et de douleur. Elle fut bien aise de voir par-là le pouvoir qu’elle avait sur le duc ; et elle fut fâchée, en même temps, de lui avoir fait abandonner une chose aussi avantageuse que le mariage de Madame. Le duc, qui voulait au moins que l’amour le récompensât de ce qu’il perdait du côté de la fortune, pressa la princesse de lui donner une audience particulière, pour s’éclaircir des reproches injustes qu’elle lui avait faits. Il obtint qu’elle se trouverait chez la duchesse de Montpensier, sa sœur, à une heure que cette duchesse n’y serait pas, et qu’il pourrait l’entretenir en particulier. Le duc de Guise eut la joie de se pouvoir jeter à ses pieds, de lui parler en liberté de sa passion, et de lui dire ce qu’il avait souffert de ses soupçons. La princesse ne pouvait s’ôter de l’esprit ce que lui avait dit le duc d’Anjou, quoique le procédé du duc de Guise la dût absolument rassurer. Elle lui apprit le juste sujet qu’elle avait de croire qu’il l’avait trahie, puisque le duc d’Anjou savait ce qu’il ne pouvait avoir appris que de lui. Le duc de Guise ne savait par où se défendre, et était aussi embarrassé que la princesse de Montpensier à deviner ce qui avait pu découvrir leur intelligence. Enfin, dans la suite de leur conversation, comme elle lui remontrait qu’il avait eu tort de précipiter son mariage avec la princesse de Portien, et d’abandonner celui de Madame, qui lui était si avantageux, elle lui dit qu’il pouvait bien juger qu’elle n’en eût eu aucune jalousie, puisque, le jour du ballet, elle-même l’avait conjuré de n’avoir des yeux que pour Madame. Le duc de Guise lui dit qu’elle avait eu intention de lui faire ce commandement, mais qu’assurément elle ne le lui avait pas fait. La princesse lui soutint le contraire. Enfin, à force de disputer et d’approfondir, ils trouvèrent qu’il fallait qu’elle se fût trompée dans la ressemblance des habits, et qu’elle-même eût appris au duc d’Anjou ce qu’elle accusait le duc de Guise de lui avoir appris. Le duc de Guise, qui était presque justifié dans son esprit par son mariage, le fut entièrement par cette conversation. Cette belle princesse ne put refuser son cœur à un homme qui l’avait possédé autrefois, et qui venait de tout abandonner pour elle. Elle consentit donc à recevoir ses vœux, et lui permit de croire qu’elle n’était pas insensible à sa passion. L’arrivée de la duchesse de Montpensier, sa belle-mère, finit cette conversation, et empêcha le duc de Guise de lui faire voir les transports de sa joie.